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ALBUM 3 POUMONS




FORÊT


Ça fait des années je vis dans la forêt
Ça fait des années j'ai suivi le feu follet
Ça fait des années grand-mère ça m'a brûlé
Le secret bien gardé à présent l'ombre est trop lourde

Ça fait des années je vis dans la forêt
Sous un arbre cerclé les racines creusent à la source
Il y a celui qui gît dans l'épicerie c'est l'incendie
Et mon arbre cerclé aujourd'hui il s'effondre

Ça fait des années je vis dans son ombre
Il sévit dans l'écorce du cadet le bois mort
Et les fagots partout grand-mère vieille branche
On peut s'asseoir dessus de toute façon l'ombre est trop lourde

Ça fait des années je vis dans la forêt
Mais là c'est l'incendie la clairière se remplit
Il y a des loups partout qui hurlent à la Lune
La lisière est franchie dans la forêt c'est l'incendie.







VIPÈRE


Chancre du désir
 Mord et glace tes élans
Gaine ton sort qui sent la tombe
L'envenime
Susurre à l'oreille : tu sens la tombe
 Veine de stress, graine de mort.







TROIS POUMONS


L'année dernière - J'étais une petite cuillère
Un an plus tôt - J'étais un couteau
Cette année - Je suis une fourchette - Car j'ai 3 poumons

L'année dernière - J'étais un steak de nerfs
Un an plus tôt - Un pavé bleu
Cette année - C'est fleur de sel - Sur mes 3 poumons

L'année dernière - Ça colle à la figure
L'année d'avant - C'était du flan
Cette année - J'ai craché dans mon Yop - Mes 3 poumons.








L'HOMME QUI TRAVERSE LES MURS


En ces nuits d'incendie liquide
Le néant investit la machine
Une allure qui déchire les ailes
Après ça plus personne quel jour on est ?

Aujourd'hui la blancheur me saisit
Mais la nuit revient fidèle
Elle inonde le désir de jouissance
Et m'entraîne fulgurant avec elle

Je suis l'homme qui traverse les murs
Et c'est dur après ça d'être entier
Dans la ville mille charmes s'escriment
Et la foudre frappe encore dans la cible
J'ai vécu avec ça toujours
Mais bientôt un dernier rappel
Où fixer la tutelle valide
Comment faire échec à la machine

Mon désir est écrit sur les murs
Il raconte une histoire abrasive
J'étais pur en lambeaux ma chair
Je voudrais la remettre au jour

A quel sein vouer l'émoi
Ils ont tous une charge électrique
Sur quel mode approcher l'incendie
Comment faire pour marcher sur le feu
Je suis l'homme bombardé d'affects
Et c'est dur avec ça d'être en vie
Mon désir est inscrit sur les murs
Et la nuit vient brûler mon foyer

Aujourd'hui sur quel pied danser
Quel horaire rendra l'acte sérieux
Mon amour attaché dans l'armure
Veut brûler de désir en plein jour

Je suis l'homme qui traverse les murs
Le brûlot qui défie la machine
Je viendrai me remettre au jour
Mais la nuit frappe encore dans la cible.










LE FOND


 J'aurais misé sur le fond, ici c'est le fond ?
J'aurais bravé le risque ici-même
A la limite le fond s'il est solide
J'en prends acte pour partir à l'abordage

Je suis à fond dans mon commerce à la vie
Je suis partant pour le désir mais les bagages
Ont double fond pour l'équilibre c'est pénible
Je suis au fond le gouffre lui-même

Quant à l'abîme quand elle tremble la base
Quand elle entraîne le tréfonds dans l'engrenage
Comment finir cette série banale ?
Puisqu'elle enchaîne les prises fatales

 Dans ce colis au mystère débile
La clé voilée le cadenas qui tient bon
Je veux rentrer pour savoir au fond
Ce qu'il y a dans cette histoire sans nom
Mon double fond regarde-moi pour une fois
Je suis ton frère on ira bien quelque part
Je vois déjà quel artifice tu réclames
Mais j'ai aussi quelques affaires à régler

Vois cette amie qui nous regarde avec flamme
Je la désire et je la veux en vrai
Tu peux languir si tu brandis ton oriflamme
Il y a des chances qu'on se ramasse une valise

J'ai bien compris tu la défies ma carcasse
Mais moi je sais quelle est ma forme de suicide
Dans cette boîte de Pandore j'agonise
Et tu voudrais l'étendre encore le clivage

 Mon bel ami j'ai touché fond avec toi
Car si c'est non on est foutus toi et moi
Tu peux me croire la variation est possible
Le double fond crois-le ou non c'est solide.





LE BRUIT DU MONDE


C'est un point noir sur fond noir juste un son
Monocorde homogène veille d'alarme
Il s'acharne, radio entre deux stations
C'est le cauchemar sonore
Cérébral, synaptique


Tu m'attends ? Entre les deux stations
Tu m'entends ? Dans l'autre bruit du monde
Nous sommes le produit de l'accumulation

Nous sommes le bruit du monde
Sous les fils électriques
Chacun fonctionne
Et c'est le bruit du monde.








NÉVRAXE


J'en peux plus d'être face au vide - Je veux dormir sans problème
Mais voilà mon névraxe - Refuse d'appuyer sur stop

J'en ai marre de courir à perte - Pour une faute que j'ai pas commise
Il est temps d'aller à la fête - Je le ferai sans problème

Tu devras être expressive - Toucher la corde sensible
J'aimerais pouvoir te suivre - Cesser de compter les gestes

Montre-toi dans l'intime - Le réel frappe à la porte
Je serai ton alter - Je le ferai sans problème, sans problème, sans problème.


J'en veux plus ton eau vive - Je la boirai sans problème
Cristalline dans l'intime - Refuse d'appuyer sur stop

Mon névraxe s'illumine - Lacté jusqu'au point du jour
J'entre en gare et la voie - Je l'ouvrirai sans problème

La voilà la Micheline - Refuse d'appuyer sur stop
Pleine vapeur à toute heure - Je reviendrai sans problème

Tu m'auras à la fête - Inscrit sur la comète
Je serai ton alter - Je le ferai sans problème, sans problème, sans problème. 








CORSAIRE


J'aurais tenu le gouvernail si possible - dans les embruns
Fendu l'écume et les climats dépressifs - gardé le cap
J'aurais gîté dans les vents fous du grand large - vu la trame
Ici en haut et dans le cœur de la vague - boussole au poing

J'aurais gîté les tourbillons successifs - l'ouragan
Auront usé jusqu'à la corde et noyé - mon pied marin
J'aurais lutté mais j'ai perdu le contrôle - sur la lame
Mon vieux rafiot est un vaisseau fantôme

Il n'y a plus d'étoile à suivre - A l'horizon
Ni quidam sur le pont

Je l'ai tenu le gouvernail impossible - par tous les temps
Comme un radar scrute une énigme - sur le cadran
J'ai tant barré j'en ai perdu la flamme - la position
Je voulais tant qu'on se raccroche au rivage - à l'occasion

J'ai tout usé de mes fusées balistiques - jeté l'ancre
Mais rien n'y fit les bras ouverts du naufrage - nous guidaient
Il était loin le ballottage favorable - du début
Il a fait place à la sirène infernale

Il n'y a plus d'étoile à suivre - A l'horizon
Ni quidam sur le pont

J'osais y croire on la résout ensemble - l'énigme
En un éclair on dynamite encore - les barrages
Mais à l'envers il est tombé - le mât
Tu l'as scié comme on arrache un œil - au corsaire

Il va flotter le drapeau noir - sur la ligne
Et mon faisceau sera l'ombre portée - au grand large
On a brisé le gouvernail - maintenant
Tu n'es qu'une histoire à blanchir.





SANS TITRE


Je hais la limite - je veux la définition - je défais les murs - je prends la maison
Dans le contre-jour - à la fenêtre - tu viens d'apparaître.
Dans le contre-jour - c'est mon territoire - le fleuve court - au limon - j'irai me laver.
Si tu veux écrire - la définition - tu dois passer - le bord
Et suivre les lignes - la carte - au trésor.

Je hais la limite - je veux la définition - je défais les murs - je prends la maison
Dans le contre-jour - à la fenêtre - tu viens d'apparaître.
Je prendrai l'amour - sur mon territoire - s'il vient irriguer - dans le contre-jour - la frontière.
Si tu veux graver - ta définition - mon corps nu - c'est ton territoire
Je veux tout ici - la pluie des montagnes - la frontière.

Tes reliefs - c'est mon territoire - à l'intérieur - dans la vallée - j'irai me laver.
Si tu veux saisir - ma définition - dans le contre-jour - c'est mon territoire
Le fleuve court - en amont - la frontière.

Ma colline - c'est ton territoire - je suivrai la trace - tes effluves - j'irai m'y laver.
Si je peux choisir - la définition - dans le contre-jour - tu viens d'apparaître
Je veux tout ici - la cartographie - le trésor.




LA SOLITUDE EST RELATIVE


La solitude est relative aujourd'hui - la solitude existentielle tu l'as prise
La solitude est salvatrice aujourd'hui - et me confine à quelque chose de réel

J'ai bien senti quelque transfert dans la nuit - mais c'était toi qui perdurait à travers
Ton amie belle et fort propice à l'envie - c'était bien toi qu'elle appelait du même nom

La solitude est relative aujourd'hui - la solitude existentielle tu l'as prise
La solitude est salvatrice aujourd'hui - et me désigne quelque chose du réel

Quand un instant elle a gagné la cuisine - ça m'a donné la sensation d'avoir froid
J'étais plus seul que Robinson sur son île - j'ai discerné ton ombre à toi dans le vide

La solitude est salvatrice aujourd'hui - elle met en scène mes désirs de fusion
Tous mes défauts sont en plein feu sous la rampe - tout, les carences et les galères affectives

Tu as détruit mes idéaux combustibles - je suis parti dans le désert prendre l'air
Tous mes abus auront fini par me suivre - tous mes abus sauf toi

La solitude est plus précieuse aujourd'hui - la ritournelle, je l'ai vécue avec toi
Cet enfant trouble qui n'entend que ses lois - il a fini par s'en prendre une définitive

La solitude est relative aujourd'hui - je suis casé entre la fin et le début
La nouvelle Eve qui m'attise en ses draps - elle ravive un rien tes nœuds et ton gras

Je garderai la trace intacte du fracas - de tes humeurs au potentiel impossible
Si je reviens dans la nervure aujourd'hui - je peux enfin baisser les armes et tant pis

S'il y a des chances que j'énerve à nouveau - si je le mets encore à terre le genou
Je veux gicler dans le jardin de l'amour - il y a sûrement des choses à faire dans la cour

La solitude est bien réelle aujourd'hui - la solitude existentielle tu l'as prise
La solitude est salvatrice aujourd'hui - elle sert mes tripes sur le plateau de l'amour.





J'AI LE CŒUR OUVERT SUR LA TABLE


J'ai le cœur ouvert sur la table, il n'y a plus rien à manger
Tu dis rien, as-tu faim, d'habitude je ne partage pas
J'ai le cœur ouvert sur la table, sers-toi si tu veux
Il n'y a rien d'autre à manger

Il n'y a plus rien à manger mais je respire encore
Je n'ai plus rien dans mes jeans et j'ai jeté les plus fins
Il faut toujours garder possible de s'alléger en atomes
Toi tu es impossible je m'en doutais c'est pas rien

J'ai l'habitude de mourir, c'est le contraire qui est dur
Je suis premier dans le discours et dans les actes c'est pas mal
S'il n'y a plus rien à manger qu'est-ce qu'on fait après ?
Je confonds tout les objets dans la matière grise

Quel est ce couteau de cuisine que tu tiens dans la main ?
Est-ce pour un steak ou une échine, il n'y a rien à manger
Que mon cœur, qui bat tant qu'il peut
Tu peux le prendre, je te l'ai dit déjà

Je suis offert comme un ours mais ne suis pas un cadeau
T'as vu ma gueule quand elle tremble et qu'elle appelle de ses maux
Ton corps entier dans la chambre il n'y a plus rien à manger
Je veux la taille et les membres à commencer par ta main.

J'ai le cœur ouvert sur la table je ne sais pas où tu es
J'ai une idée mais la creuser serait courir derrière toi
J'ai le cœur ouvert sur la table en infusion c'est pas mal
Il pleut des signes sous mon toit, je suis charpentier.








LA LIGNE


Je mords la ligne au début
Mon faux départ tu l'as vu ?
Jusqu'à la fin j'ai voulu vivre sans frein

Mon idéal qui l'a cru ?
Il s'est démis une épaule
Dans la foulée la psyché s'est déplacée

A la limite j'ai couru
Un faux-fuyant contre le vent
J'ai hurlé il m'a soufflé dans les bronches

En traversant le talus
J'ai perdu mes appuis
Tout autant l'itinéraire les habits

Sur le terrain des affects
Je saigne dans les ronces
Aux fraises j'y suis encore pour longtemps

Je suis la ligne du début
Mais c'est la fin qui m'intéresse
L'ambroisie le nectar pour longtemps.